En mai dernier, la
préfecture de police organisait dans plusieurs collèges de Paris
une opération de prévention des « risques de mauvaises rencontres
sur la voie publique ». Un communiqué de la préf nous explique
avec gravité que « les ados sont de plus en plus autonomes et
effectuent les déplacements du domicile au collège sans être
accompagnés ». L'autonomie, ce fléau capable de remettre en cause
à lui seul l'idée même de police... Des flics en uniforme sont
donc retournés à l’école pour éviter le drame, ce qui, nous
direz-vous, ne changera pas beaucoup des profs pour ces bagnards à
cartables que sont les collégiens. Déjà obligés de se lever tôt
le matin pour apprendre l'esclavage qui les attend plus tard, déjà
obligés d’écouter les sermons des pédagogues officiels du régime
trente heures par semaine. Manquait plus que les flics, venus leur
faire « acquérir les bons réflexes et assimiler les bonnes
attitudes en cas de mauvaises rencontres », rien que ça.
Mais fini de rire. Pensons
par nous-mêmes un instant au moins et reprenons l'angle de vue qui
est le nôtre, et pas celui que nous inculque l'arsenal éducatif et
médiatique du pouvoir. Les mauvaises rencontres auxquelles nous
sommes confrontés quotidiennement, ce sont bien les rencontres avec
la flicaille, ses contrôles permanents, son ordinaire violence, ses
caméras rivées sur nous, ses coups de flashballs dans la gueule,
ses insultes et ses assassinats (qu'ils soient tolérés ou non par
la légalité). Loin de nous l'idée de nier le cannibalisme social
qui pourrit tout autant nos vies, cette guerre aveugle entre pauvres
et misérables pendant que la bourgeoisie attend patiemment dans les
gradins de pouvoir nous dégager à coups de flic et de fric.
Mais nous souhaitons poser
une question simple : dans un monde sans fric, sans valeur économique
et sans concurrence entre les individus et les groupes sociaux, qui
volerions-nous ? Se poser les bonnes questions, c'est identifier
l'ennemi, c'est comprendre l'autorité afin de la détruire. Ne
vois-tu pas, au bout de ce labyrinthe, la liberté qui nous tend la
main ?