Mardi 10 janvier au soir, Abdel mourrait d'un arrêt cardiaque, suite à un énième contrôle policier au cours duquel il avait été menotté et mis au sol, lui et plusieurs autres personnes, dans le quartier Balagny à Aulnay. Les quelques déclarations pacificatrices du parquet et de la préfecture du 93, estimant «qu'il n'y avait pas eu usage de la violence au cours de l'interpellation» n'y ont rien changé, pas plus que la mobilisation de 80 flics sociaux (élus, agents municipaux, médiateurs, grands frères) afin de «restaurer le dialogue». La colère est là et bien là. Les nuits suivant le décès, la police est visée par des tirs de mortiers et des gros pétards, des poubelles et des voitures sont incendiées, jusque dans des cités proches à Aulnay et à Sevran (ville voisine). Plusieurs personnes sont arrêtées, la police se déploie en masse pour éviter une propagation de la révolte. Tout ça moins d'une semaine après la mort de Wissam El-Yamni à Clermont-Ferrand, tabassé à mort par les keufs lors de son arrestation pour jets de pierre. Là aussi, les poulets s'amènent à plus de 400, saturent le terrain avec deux hélicoptères en renfort, mais des dizaines de voitures et des engins de chantier partent en fumée en quelques nuits.
En plus du meurtre, le pouvoir y ajoute dans les deux cas le crachat par la voix des médias, fidèles laquais en toute situation: l'un des deux jeunes était «drogué et alcoolisé», l'autre «avait une malformation cardiaque». Tout est bon à prendre pour nier la responsabilité des flics, mais nous affirmons sans hésiter qu'il n'existe pas de contrôle policier se passant bien, ni d'arrestation sans violence, le contrôle étant en soi une violence mise en œuvre par l’État et ses mercenaires. De même nous sommes solidaires lorsque certains décident d'envoyer chier les appels «au calme et au recueillement» et passent à la vengeance, convaincus que ce ne sont pas de pieuses demandes de «justice et vérité» qui changeront quoi que soit à l'arrogance des flics ni à leur capacité bien réelle à contrôler et dominer nos vies, voir à les détruire. Rappelons-nous que la justice est l'institution qui nous condamne, nous incarcère, nous humilie, et qui couvre systématiquement les flics, demander la justice c'est donc donner le bâton pour se faire battre. S'il existe une «dignité» dans ces cas-là, elle ne consiste sûrement pas à organiser de gentils sit-in silencieux devant les commissariats, car c'est là que le pouvoir nous veut et nous attend, réclamant l’aumône à nos bourreaux, mais bien à se rebeller.