Peu
de monde connaît Gepsa. Pourtant il s’agit d’une entreprise
majeure dans son secteur (tout comme son concurrent principal :
Sodexo Justice Services). En effet Gepsa, Gestion
établissements pénitenciers services auxiliaires,
est spécialisé dans la « prestation de services d’aide au
fonctionnement d’établissements pénitentiaires » c'est-à-dire
la maintenance et le nettoyage des taules, l’entretien des (peu d’)
espaces verts, la restauration, la « cantine », le lavage du linge,
la formation professionnelle et les ateliers de travail pour les
détenus, leur soi-disant « réinsertion ». Mais ils assurent aussi
(à Fleury-Merogis, par exemple) la gestion des dispositifs de
sécurité. Ils se présentent eux-mêmes comme les « principaux
partenaires de l’Administration Pénitentiaire ». Bref, ce sont de
sales collabos des matons.
Gepsa
gère, seule ou en consortium avec d'autres entreprises (souvent
Eurest,
du groupe Compass,
pour la nourriture) une petite quarantaine d’implantations. Ce sont
presque toutes des taules : Fleury-Merogis, Le Havre,
Bourg-en-Bresse, Roanne, Béziers, Mont de Marsan, Lyon Corbas,
Bordeaux Gradignan, Poitiers, Rennes, Argentan, Le Mans, Nancy…
Gepsa
détient aussi la gestion complète des centres de rétention de
Bordeaux, Palaiseau, Vincennes, Rennes et Toulouse et celle partielle
(pour ce qui concerne les draps, le nécessaire de toilette et le
nettoyage des vêtements des retenus) des CRA de Hendaye, Lyon et
Plaisir. Encore, à Roubaix elle fournit ses services à l’Ecole
nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ). Pour le
Ministère de la Défense elle gère la base militaire de Satory
(Versailles) où se trouvent des services techniques de l’Armée de
terre et les sièges du Groupement blindé de gendarmerie mobile et
du GIGN.
Dans
le cadre d'un partenariat public-privé, Gepsa participe à un
consortium chargé de construire puis gérer quatre nouvelles prisons
: Lutterbach, Riom, Valence et Beauvais. Le Ministère de la Justice
payera un loyer à ce consortium, afin de garer les détenus dans
leurs geôles privées, et payera également Gepsa pour l’entretien
des bâtiments et les « services » aux prisonniers. Ainsi, depuis
2008, les matons de Gepsa ont participé à l’ouverture de dix
nouvelles taules.
Enfin,
à l’étranger, Gepsa participe, avec d’autres coopératives, à
la gestion du centre de rétention de Gradisca d’Isonzo, le
deuxième plus grand d’Italie.
Gepsa
est une filiale de Cofely
(groupe GdF-Suez),
et a donc parmi ses entreprises-sœurs Cofely Ineo, qui vient de
gagner un marché pour la fourniture des uniformes des 120 000
fonctionnaires de la Police Nationale. GdF-Suez, tout le monde les
connaît : ce sont ceux qui s’enrichissent avec nos factures, ceux
des bagnoles blanches qui se promènent ou sont garées un peu
partout dans la ville…
Gepsa
a été créé en 1990, suite à l’ouverture aux entreprises
privées du marché de la gestion et de la construction des prisons.
Cette décision du gouvernement a fait suite à la décision
d’augmenter le nombre de places disponibles dans les prisons
françaises (le tristement célèbre « plan 13000 »). Pour
emprisonner toujours plus, l’Etat a besoin de collabos privés, qui
se font du fric avec. Gepsa, qui compte 360 employés et sert 145 000
repas (dégueulasses, pour la plupart) par jour, avait en 2010 un
chiffre d’affaire de presque 66 millions d’euros.
Mais
Gepsa ne fait pas du fric qu'avec l’Etat : sous le prétexte de la
formation professionnelle et de la réinsertion, ils font bosser les
détenus pour des entreprises tierces. On ne parle pas des quelques
650 personnes détenues qui sont exploitées directement dans les
travaux de gestion dans les prisons, aux ordres du personnel/matons
de Gepsa, qui, eux, se prennent peut-être pour des grands frères
aidant des malheureux. En effet, des centaines d’autres détenus
travaillent tous les jours pour des entreprises clientes de Gepsa,
dans les ateliers internes des taules. Ils effectuent surtout des
tâches de sous-traitance industrielle : confection, assemblage,
conditionnement, montage, tri, etc. pendant que Gepsa se fait payer,
comme une quelconque agence intérimaire. Bien sûr, tout cela sans
les petites contraintes du code du travail et en payant ses esclaves
à vil prix. Gepsa affirme pouvoir « mobiliser » (mettre à la
tâche) 2700 « opérateurs » (détenus) chaque jour dans ses 18
ateliers situés dans différentes taules. Les détenus travailleurs
seraient « tous volontaires et polyvalents, […] habitués à
passer d’une tâche à l’autre et fourniss[a]nt des travaux
particulièrement soignés » clament les matons/esclavagistes dans
leur pub. Mais on sait bien à quel point la pauvreté de la plupart
des prisonniers, liée à leur situation de privation de liberté,
participe au chantage du travail en prison.
Pourtant
ces salopards se présentent comme des bienfaiteurs : selon les
matons/esclavagistes de Gepsa, l’exploitation des prisonniers «
contribu[e] à l’amélioration de leurs conditions de détention »
et en travaillant pour eux le détenu est censé « évoluer dans un
environnement professionnel qualifiant et s’inscrire ainsi dans une
dynamique positive de retour à la vie civile ». C'est-à-dire le
retour dans une société qui est elle-même une prison…
Si
vous voulez dire à ces matons ce que vous pensez d’eux :
Gepsa
8-10,
rue Henri Sainte Claire Deville
92563
Rueil-Malmaison Cedex
Tél.
: 01.47.10.32.40
M.
Pascal Roger
: Directeur général et Président du Conseil d’administration.
Mme
Christelle Roux
: Directeur général délégué.