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Au boulot les lépreux !

Vous avez sûrement remarqué dans le métro il y a quelques temps, entre deux contrôles de tickets, d'immenses affiches montrant en 4x3 un lépreux, visiblement mal en point. Cette affiche, dans le pur style misérabiliste de type « les pauvres sont dans la merde, donnez-nous des sous pour qu'on s'occupe d'eux », contenait évidemment un appel au don, mais pas pour ce qu'on croit. En effet, en dessous de l'énorme « la lèpre exclut ! » censé nous arracher larmes et chèques mensuels, se trouvait inscrit le véritable objectif : « réinsérons les lépreux ! ».
Il ne s'agissait donc pas, comme dans l'humanitaire classique, de transformer des milliers d'euros en quelques kilos de riz, après s'être copieusement sucré au passage, mais, encore pire : ce damné de la terre, s'il en est, au nom duquel on veut nous soutirer du fric, il s'agit de le mettre au travail !

Quand on sait que travailler consiste pour l'essentiel à se vendre morceau par morceau à un patron, on voit l'extrême cynisme qu'il y a à demander ça... à un lépreux.

Mais les lépreux ne sont pas les seuls à être touchés par la lame de fond travailliste. Pour preuve les propos de Marie-Anne Montchamps (députée UMP, à l’époque présidente de FondaMental, fondation qui récolte des fonds auprès de très grandes entreprises pour la recherche) ; « Aujourd'hui une personne sur quatre traverse un épisode dépressif ou rencontre un problème de santé mentale. Que se passe-t-il si nous mettons entre parenthèse un quart de notre ressource humaine ? Nous nous disqualifions totalement de la compétition économique ».
Nous y voilà, dans les deux cas ce qui est grave n'est ni de voir ses membres partir en morceaux, ni d'être mal dans sa peau (en fait surtout mal dans ce monde), non, ce qui est important c'est que ni les lépreux ni les « malades mentaux » ne contribuent à la compétition économique et à la richesse nationale !
Bande d'ingrats, on ramasse vos doigts, on triture vos cervelles à coups d'électrochocs et de médocs et vous voudriez avoir le droit de rien foutre en retour ?

Le message est clair : au boulot les lépreux et les fous, les enfants les vieillards et les taulards !