On apprenait récemment en lisant le
torchon qui sert de quotidien local, que les opérations de contrôle
des billets dans le métro avaient été « partiellement
suspendues » dans quelques grandes gares de la capitale (gare
du Nord, Châtelet-les-Halles, Montparnasse, Saint-Lazare, etc.), et
ce durant la quinzaine de jours couvrant la grande messe citoyenne.
C'est en tout cas ce que révèlent les syndicalistes indignés de
SUD-RATP, qui s'empressent de dénoncer cette « trêve des
contrôles », la jugeant « bassement électoraliste »
Officiellement, la direction des
transports parisiens a envoyé au S2C (nom du service consacré aux
contrôles) une note demandant aux vils agents en vert de lever le
pied sur les contrôles. Les uns agitent (avec angoisse, de leur
côté) le souvenir de la belle émeute survenue gare du Nord en mars
2007, juste avant les élections. Ce jour-là, tout le monde s'en
souvient, des personnes avaient d'abord soutenu un gars qui fraudait
les transports (qui ne le fait pas?) et qui, chopé par ces
misérables contrôleurs, résistait à l'arrestation. Une bataille
rangée, impliquant des centaines de personnes, s'était déclarée
contre les flics arrivés en masse pour reprendre le contrôle de la
zone. Charges et contre-charges, énormes pots de fleurs balancés
d'en haut sur les condés, début de bordel jusque dans la rue. Les
rançonneurs de la RATP et leurs amis flics, sans compter les porcs
de la RATP-Sûreté, s'étaient mangés la monnaie de leur pièce le
temps de quelques heures.
Mais c'est
bien tous les jours que ces merdes font face à la rébellion de
personnes qui en ont marre de se faire trimbaler de taudis en turbin,
de devoir payer pour ça, sous l’œil de milliers de caméras et de
centaines de flics et d'agents en tout genre. On en a encore eu un
exemple le soir du second tour des élections à la gare de
Saint-Denis, où quelques molosses de la sûreté ferroviaire ont été
pris à parti par des personnes voulant les déloger. On en est bien
conscient à la RATP, qui rappelle qu'un contrôleur sur quatre (soit
328 sur les 1200 que compte le réseau) s'est déjà fait mettre
à l'amende dans l'exercice de
ses fonctions, et que ces « incidents » sont de plus en
plus nombreux. Selon les estimations de la boîte (on restera donc
dubitatifs là-dessus), la fraude représenterait quelques 60
millions d'euros par an. Et c'est bien fait.
Non les
« transports en commun » ne sont pas une chose neutre, au
« service de tous ». Ni plus ni moins que les trains
à grande vitesse ou les trains « classiques ». Il suffit
de lire « Alsthom », « Bombardier » et
« Areva » à l'intérieur des wagons, de penser aux puces
RFID insérées dans les cartes de transport qui permettent de vous
suivre à la trace, de voir la tronche que tire la quasi-totalité
des gens qui doivent se taper ces boites à sardines chaque foutu
jour, allant ou rentrant du turbin vers sa cage à poules, d'y
croiser la soldatesque du plan vigipirate (qui sont là avant tout
pour contrôler et dissuader), d'y apercevoir les commissariats
intégrés dans les gares (comme à gare du Nord, qui en compte même
plusieurs), d'avoir à faire aux crevures en vert qui vous tombent
dessus à cinq ou dix dans les couloirs et vous rackettent, d'être
harcelé par les horribles publicités et les magasins tout aussi
intégrés dans cet espace marchand comme tous les autres que compte
la société.
Et les syndicalistes qui défendent becs
et ongles ces moyens de transport de la chair à travail ne sont rien
d'autre que ces agents qui concentrent sur leur uniforme et leur
fonction la colère de milliers de personnes contre cette vie
merdique. Une colère qui ne connaît et ne connaîtra pas, elle, de
trêve.