Début mai,
Gare du Nord à Paris. Nid de flics, de caméras et de contrôleurs,
de militaires et de vigiles. L'un d'eux, finissant le travail, laisse
son chien sans muselière et sans attache. A élever un animal pour
le faire devenir chien de garde, dans un endroit aussi déprimant
qu'une gare, qui plus est maintenu en cage une bonne partie de la
journée, quoi d'étonnant à ce qu'il pète une durite et chope la
rage ? Surtout lorsque deux pandores s'approchent pour contrôler
le vigile, qui dit ne pas avoir ses papiers sur lui, et tentent de
l'amener dans l'un des commissariats de la gare. Le vigile lâche
alors le malinois et tente de prendre la fuite. Notre canidé en
furie, qui n'a pas besoin d'ordre pour cela, ne se laisse pas
démonter et attaque. Il chope un flic et le mord à la jambe et au
bras, avant de prendre les pattes à son cou. Dans la course, un
passant qui voulait maîtriser le chien est lui aussi mordu. Alors
les flics dégainent et abattent l'animal. Une des balles finit sa
trajectoire dans la cheville d'une passante. Elle aurait pu finir
ailleurs. Un « ricochet » selon la formule consacrée des
versions policières dans ce genre de mauvaise affaire.
Des
passants alertés par la scène se ruent sur place, et face au corps
recouvert d'un drap, demandent aux témoins s'il s'agit bien du corps
d'un animal. Question pertinente. Quand on sait que la police
assassine surtout des humains, et réclame depuis peu une loi lui
accordant la « présomption de légitime défense »,
c'est-à-dire le permis de tirer et de tuer en
quasi-toute-circonstance, comme l'ont déjà les gendarmes, qui ont
le droit d'abattre une personne en fuite. Devoir cavaler pour
échapper aux sbires de l’État est une chose bien courante, au
moins lorsque l'on a pas la bassesse de se revendiquer honnête et
innocent citoyen n'ayant rien à se reprocher. Cela pourrait être
une sorte de fable, pas marrante du tout. L’Etat nous traite et
nous abat comme des chiens enragés.
Le vigile
en question, rattrapé et placé en garde-à-vue, était sans
papiers, recruté par un employeur pour lui faire surveiller un
chantier.
Alors nique
les flics et tous les vigiles, avec ou sans papiers.