La
police est là pour faire la guerre aux pauvres, on le sait. Mais on
dirait que le harcèlement des vendeurs de maïs est devenu la
spécialité de la BST de Belleville, ces flics « spécialisés
de terrain », forts de leur formation « IQD (Intervention
en quartier difficile) ». Ces gorilles en bleu, avec leurs
gilets tactiques, leurs flashball : le chef aux airs de roquet
nerveux, le nabot à la barbichette, le nigaud aux lunettes de
sniper, on dirait qu’ils se croient dans un film américain…
En
ce début d’automne, moisson du maïs oblige, la BST a déclaré
une vraie guerre au crime, une lutte sans relâche. Ils arrivent et
ils embarquent les chariots où les vendeurs tiennent leurs petites
réserves de maïs et de charbon... afin de faire triompher la
civilisation et les droits de l'homme et du citoyen contre ces cruels
trafiquants de maïs.
Pour
finir, évidemment satisfaits de leurs exploits, les bleus narguent
les personnes auxquelles ils enlèvent ces modestes moyens de survie.
Cela malgré l'hostilité qui peu à peu s'amasse avec défiance
autour du manège des chasseurs de pauvres. « On se reverra
demain » dit un BST à un vendeur de maïs, fin août. Mais
celui-ci n’est pas apeuré et rétorque fièrement : « Non,
pas demain, je serai ici cet après-midi ». Puis il ajoute :
« C’était bon les 50 kilos de coke que vous vous êtes
tirés ? Ceux qui sont disparu du 36 Quai des Orfèvres ? ».
En effet, cela pourrait partiellement expliquer la bougeotte des
bleus... qui, cette fois-ci, s'en vont la queue entre les jambes !