En réaction aux violences policières, le lundi 10 novembre, des élèves de plusieurs lycées de Saint-Denis décident de bloquer l'entrée de leurs bahuts. Après avoir mis le feu à des conteneurs et poubelles devant les portes de leurs lycées ils partent en manif sauvage dans le centre ville. Il y aura quelques attaques sur des vitrines de magasin sur le trajet, une incursion dans le Go Sport et une attaque contre un bus des expulseurs de la RATP. La station de métro Basilique sera fermée pendant plus d'une heure, et le tramway sera aussi stoppé. Pour gérer cette belle horde d'ados enragés, plus de 200 flics seront déployés, aidés d'un hélicoptère.
Dans
une continuité répressive le jeudi 13 novembre les élèves du
lycée pro ENNA se font charger par la police montée sur la Place du
8 mai, devant leur bahut. En parallèle 300 rroms se font expulser
d'un hangar vide qu'ils occupaient depuis septembre.
D'un
autre côté certains en profitent pour surfer sur la vague
sécuritaire. Le même jeudi, 150 gardien-nes d'immeubles de Plaine
Commune Habitat manifestent pour réclamer plus de sécurité ;
une revendication qui va dans le sens des divers politicards locaux
qui au dernier conseil municipal ont débattu sur la sécurité, en
évoquant l'installation de nouvelles caméras et l'embauche de plus
de 200 flics.
Comme
si l'occupation policière des dernières semaines n'était pas
suffisante. Car depuis le petit éclat surprise du 10 novembre il y a
eu pendant plusieurs jours des CRS aux quatre coins de la Place du 8
mai et dans les rues Gabriel Péri et République, en mode ont tient
la rue, des crottins de cheval qui parsèment le centre ville pour
nous rappeler que les flics montés sont passés par là, et qu'ils
n'hésiteront pas au besoin à charger de nouveau les lycéens (ou
autres) un peu trop destructeurs à leur goût.
Zone
de Sécurité Prioritaire, gentrification et nid de flics
Mais
ne nous trompons pas, l'occupation policière à Saint-Denis ne date
pas des éclats lycéens de ce mois de novembre. Depuis 2012, le
centre ville de Saint-Denis est classé en Zone
de Sécurité Prioritaire.
Ce qui veut dire une omniprésence de flics (BAC, municipale, etc),
une quarantaine de caméras installées, et d'autres à venir.
Et ces dernières semaines on a pu observer que la police municipale
prend de plus en plus son aise pour emmerder les vendeurs ambulants,
que ce soit sur le marché ou devant la gare, où ces sadiques en
uniforme s'amusent à faire cavaler les vendeurs de maïs ou de
cacahuètes qui ne veulent pas se faire voler leur seul moyen de
survie.
C'est
que Saint-Denis n'est pas n'importe quelle ville de banlieue. Des
gens dans de beaux bureaux planifient un vaste projet de
transformation de cette agglomération aux portes de Paris. On le
voit avec le nouveau tramway qui va bientôt être inauguré, et avec
la rénovation de certains quartiers, notamment autour de la gare et
de la Plaine, sorte de nouveau quartier des affaires parisien.
Et
ça n'est pas difficile de voir que le processus de gentrification
est déjà en marche. On peut prendre pour exemple le TGP (le Théâtre
Gérard Philippe) qui propose des navettes spéciales pour pouvoir
rentrer sur Paris après les représentations... une astucieuse
manière d'attirer les bobos parisiens dans la ville, d'habituer
leurs narines à l'air ambiant.
Certes
pour le moment ça n'est pas avec le nombre de bars PMU au mètre
carré que le centre ville de Saint-Denis va se transformer en un
brooklyn pour hipsters, mais on peut facilement imaginer le vent
tourner rapidement comme on peut le voir dans des quartiers parisiens
comme la Goutte d'Or ou Belleville, à coup d'augmentation des
loyers, d'expulsions d'immeubles déclarés vétustes pour les
besoins de la gentrification, de chasse aux pauvres et de
réaménagement du territoire. En gros, une aseptisation de la ville,
qui repoussera les pauvres toujours plus loin en banlieue.
Et
cerise sur le gâteau (probablement pas sans lien avec le reste), en
2017, un nouveau commissariat ainsi que l'antenne francilienne de
l'Institut national de la police scientifique (INPS), la crème des
crèmes de la police en blouse blanche, vont s'installer à
Saint-Denis. Au total, près de 500 policiers s'implanteront sur le
site de l'ancienne Sécurité sociale, avenue Jean-Moulin, en plein
centre ville.
Alors
à Saint-Denis comme partout ailleurs, nique la police et
la rénovation urbaine !