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Je hais les flics, c’est grave docteur ?

On est nombreux/ses à connaître par expérience la Garde à vue (GAV). Les chtars te choppent et t’enferment dans les sales cellules d’un comico. On y dort au sol, si on a de la chance sur des petits matelas crasseux, entassés comme des sardines, on y mange la merde produite par Bocage Restauration et on attend.

Décidée par un Officier de Police Judiciaire (OPJ), la GAV peut durer jusqu’à 24 heures, renouvelables une fois. On y sort parfois pour être emmené au dépôt du tribunal (en comparution immédiate), parfois en taule (en détention préventive). Très souvent, on sort tout simplement avec une convocation ou sans rien du tout. En effet, les flics utilisent la GAV à leur totale discrétion, comme une arme pratique pour emmerder les pauvres et les insoumis.

La GAV « différée » est censée être une « garantie » (leurs fameuses garanties...) pour les personnes qui, à cause de leur état psychophysique, ne peuvent pas être auditionnées tout de suite. Un exemple courant est celui de quelqu’un qui se fait embarquer ivre. Il passe en cellule de dégrisement, puis, quand les flics jugent qu’il n’est plus bourré, ils lui notifient ses droits (l’appel à un proche, le médecin, l’avocat) et, surtout, l’interrogent (à noter que le décompte des 24h commence toujours au moment de l’interpellation). Mais apparemment les OPJ des comicos parisiens essayent d’utiliser la GAV différée pour « troubles du comportement » comme moyen de pression sur ceux et celles qui ne collaborent pas de plein gré.

Le mieux reste de ne rien déclarer aux flics. Par principe pour refuser toute collaboration avec eux et d’un côté technique pour la raison pratique de ne pas leur faciliter le travail. On voit parfois des gens se mettre à plat ventre devant les keufs, en espérant faussement s’en sortir mieux. En réalité, tout ce que l’on dit peut leur servir pour nous enfoncer dans la merde ou quelqu’un d’autre. Leurs questions sont autant de pièges qui déboucheront sur des chantages. Pareil pour l’attitude du « flic gentil » : notre reconnaissance de cette gentillesse supposée, du fait qu’ils ne font que leur « travail », justifie ce travail, justifie l’oppression. Le silence est une bonne défense et un comportement digne. On ne parle pas avec l’ennemi. On est dans leurs cellules, ils ont la force, mais ils n’auront jamais notre collaboration, aussi petite qu’elle puisse être. Et même si les flics nous menacent, ils ne peuvent pas nous inculper à cause de notre silence : leur loi dit qu’on a le droit de se taire.

Mais il peut arriver que l’OPJ devant lequel on garde le silence utilise le prétexte que ça serait un comportement « anormal » et nous envoie faire un examen psychiatrique. On est donc emmené à l’Hôtel Dieu, à l’étage réservé à la police. Encore des cellules (propres, celles-ci, mais des cellules quand même) et des médecins qui travaillent coude à coude avec les keufs. Ils te font l’examen des urines, ils te soignent les coups reçus pendant l’interpellation ou au poste, parfois certifient à l’OPJ que t’es un fou furieux (et donc à enfermer !)... Et te donnent des cachetons pour te rendre plus malléable...

Ça arrive, bien sûr, d’être anxieux et éprouvé quand on est arrêté et qu’on a passé des heures dans une cellule. Mais voilà que pour la Justice, fatigue et frayeur, tout à fait humains et compréhensibles (et dont ils sont la cause), ou le refus de parler à ses ennemis en uniforme, deviennent « anormaux », des armes contre nous. Et on peut bien imaginer que le résultat d’un examen psychiatrique confirmant des « troubles » (chose fort possible, vu la situation) puisse être un moyen supplémentaire dans leurs mains. Un moyen utilisable à notre encontre dans un éventuel procès ou pour justifier tout un tas d’emmerdements sur le long terme, jusqu’à peut-être une hospitalisation d’office en HP.

L’examen psychiatrique sur des gardés à vue semble se banaliser. Selon un témoignage, ça a été effectué au moins sur deux détenus du comico du XIXe samedi 16 novembre 2013 (examen apparemment effectué par les keufs eux-mêmes !), puis sur un détenu de ce même comico et un venant de celui du Xe, dimanche 17 (examens effectués par le psychiatre Luigi Grosso). Encore mi-décembre, lors d’un contrôle de la BST sur des anarchistes à Belleville, la première flic venue menace l’un d’eux de l’envoyer « chez le psy » parce qu’il refuse de répondre aux questions.

Que ces petites notes, loin d’apeurer, servent à rendre chacun/e plus fort face à la police, en connaissant leurs sales méthodes. Tout en sachant que, quand on est dans leurs mains, le silence est la meilleure défense. Et mieux vaut cracher une dent qu’un blaze !