Au
petit matin du mercredi 23 juillet, un incendie s’est déclenché
dans une installation de la SNCF (un poste d’aiguillage), à
Vitry-sur-Seine
(94). Pas si étonnant que ça : si on lit les
faits divers sur les torchons locaux on trouve souvent des épisodes
de ce genre. Accident technique, manque d’attention de la part du
personnel, chaleur (?)… Ou bien malveillance. L’acte de quelqu’un
qui voulait peut-être juste s’amuser, ou bien qui voulait
peut-être défouler sa juste rage contre un rouage de ce monde –
et pas des moindres, dans ce cas précis ! Donc, un acte fait «
à chaud », sans beaucoup de préméditation, peut-être sans
trop se demander ce qu’était ce bâtiment ? Où bien
l’alternative qui pourrait le plus inquiéter la SNCF et les
flics : celui ou celle qui tenait le briquet savait très bien
de quoi il s’agissait et connaissait les possibles conséquences ?
Enfin,
tout ce qu’on sait sur cet incendie et son origine nous est dit par
les journaux – donc les flics. Et, bien sûr, ils n’aiment pas du
tout que quelqu’un s’intéresse trop à leurs affaires.
Parce
qu'un poste d’aiguillage, c’est une cabine où il y a les
dispositifs qui règlent la circulation sur un secteur du chemin de
fer. La remise en sécurité du poste de Vitry a nécessité
l’interruption de l’électricité sur les caténaires
d’alimentation aussi. Tous les trains et RER au départ ou à
l’arrivée de Gare d’Austerlitz (qui est directement en amont de
Vitry) ont donc été supprimés mercredi 23 et pendant une partie du
jeudi 24.
À
Ville d’Avray (92), fin février 2013, un fait similaire avait été
encore plus « efficace » (bien que sur une ligne moins
importante). Là aussi, un incendie (accidentel, si on veut croire la
SNCF) avait détruit « les
installations électriques et informatiques commandant les feux de
signalisation, les aiguillages et les systèmes de sécurité »
[Le Parisien]. Pendant plusieurs semaines aucun train n’a circulé
sur la ligne U et une partie de la L du Transilien.
Mais
il n’y pas que les postes d’aiguillage… De gros problèmes de
circulation, notamment des TGV, sont survenus dans la région de
Chambéry, début mars 2012. À différents endroits (en pleine
nature), des câbles longeant les rails avaient été brûlés (ce
sabotage avait été effectué en solidarité avec des opposants à
une nouvelle ligne TGV emprisonnés en Italie). Qui a bonne mémoire
se souviendra aussi de la pagaille qu’il y a eu à Gare du Nord
suite à un « petit feu » dans le boîtier d’une
installation de signalisation début mai 2008. Pendant quelques
heures, environ 300 trains, des RER jusqu’aux TGV à destination de
l’Europe du Nord, avaient été bloqués.
Ce
qui pourrait être intéressant de retenir de ces petits faits
divers, c’est que toute structure matérielle – le réseau du
chemin de fer, par exemple – a des points faibles. Le même type
d’événement (un accident, un sabotage) peut produire des
séquelles plus ou moins importantes, selon l’endroit où il se
produit. Tout réseau présente des points précis, des nœuds, qui,
mis hors services, pourraient engendrer de grosses conséquences sur
l’ensemble, peut-être (pourquoi pas ?) jusqu’à atteindre
une espèce d’« effet domino ».
Les
réseaux qui font marcher ce monde (ceux qui transportent des
personnes, des marchandises, de l’énergie, des informations…)
s’étendent un peu partout sous nos pieds, sur nos têtes, à côté
de chez nous, dans plein de boîtiers à tous les coins de rue,
souvent loin des yeux indiscrets des flics et des caméras.